Rares sont les mois de décembre comme celui-ci. Surtout en Angleterre. Mais il fallait croire que la chance souriait aux saxons pour ce début d’hiver. En effet, on pouvait observer dans le ciel qui trônait Poudlard un grand soleil, bas, mais présent. Les nuages étaient en grève, et cela n’était pas plus mal. C’est pourquoi il faisait encore bon, et que les neiges tardèrent à venir. En revanche, depuis son appartement Théo pouvait très bien voir que le lac devenait cristallin. Il y avait comme plusieurs diamants posés à sa surface qui semblaient danser au milieu de quelques fées. Il n’en fallait pas plus pour le jeune homme pour se décider à sortir.

Il attrapa une longue écharpe et la roula autour de son coup en la laissant pendre volontairement derrière pour qu’elle se fasse soulever par le vent. Il mis de jolis gants en cuir et se dispensa de prendre un bonnet. A la place, il pris un long manteau serré servit d’une capuche. Mais avant de quitter ses appartements, il prit loisir de se faire quelques encas rapides. Il se prépara un bon chocolat chaud rangé dans un grand thermos magique, et il sortit de son four des délicieux petits pains au chocolat qu’il rangea dans un panier thermique, magique également.

Il quitta donc ses appartements, et n’étant non loin des cuisines, il retrouva rapidement dans le grand hall de Poudlard. Malgré le temps extérieur, les décorations étaient très hivernales, et le bal se préparait à grands pas. Théo se dit que le beau temps ne resterait pas longtemps et il se conforta dans son idée de sortir et d’en profiter, avant de retourner à ses fourneaux pour le banquet du soir. Il franchit donc la grande porte et au lieu de traverser le viaduc, il pris un escalier dans la cour principal.

Malgré plusieurs années, ses souvenirs restaient intacts. Il savait parfaitement où tourner pour se rendre au hangar à bateaux. Il y arriva très rapidement et constata avec plaisir qu’il n’avait pas changé. Ce hangar laissait présumer qu’il était à l’abandon, mais beaucoup de personnes aimaient s’y rendre, souvent des élèves pour y faire un marché noir, ou l’été pour bronzer sur le ponton de pierre.

Il y avait plusieurs barques amarrées à l’intérieur. La préférée de Théo ne comportait que deux places et étaient une des plus solides et des plus fluides sur le lac. Malheureusement, elles étaient une des rares fermés à clés, surement pour éviter que les élèves ne l’abiment. Mais pour lui, il était hors de question de se rabattre sur une autre bicoque. Et c’est avec plaisir qu’il découvrir que la cachette de la clé n’avait pas changé ; derrière les appâts en forme de strangulot, autrement dit, là où ne veut pas mettre la main…

Théo s’empressa de détacher les chaines et de pousser la barque. Quand il le fit, il observa que les rames étaient quelques peu moisies. Il amena d’abord la barque près de l’eau et sorti sa baguette. Elle vibra soudainement ; les rames étaient en hêtre elles-aussi. Cela serait encore plus simple à réparer. Il commença à passer sa baguette le long du manche quand il entendit un bruit. Quelqu’un venait de rentrer dans le hangar.

« Pourvu que ça soit un homme terriblement sexy, qu’il vienne me sauver de la noyade. »

Lexy déprimait. Premièrement, cette stupide neige qui ne venait pas. Elle continuait à se vêtir d’un bonnet, de moufles, d’une écharpe et de bottes tous les jours, « au cas où » comme elle disait, même si la température était encore parfaitement supportable sans tout cet attirail. En effet, Lexy adorait la neige et ce, depuis toute petite. Disons simplement qu’elle avait beau avoir 22 ans, dans sa tête, elle était encore une petite fille pour qui la neige faisait partie intégrante de la magie de Noël et étant donné que c’était la période de l’année qu’elle préférait, un Noël sans neige : non, elle ne pouvait s’y résoudre !

Ensuite, il y avait sa vie professionnelle qui était au plus bas. Sa passion pour les livres l’avait conduite au poste de bibliothécaire, un poste qu’elle chérissait plus que tout. Malgré cela, une routine s’installait dans son quotidien et Lexy avait besoin de plus que son immense bibliothèque aux milliers de volume et c’est pourquoi elle convoitait depuis peu le poste de directrice de maison et donc de professeur. Elle attendait qu’une place se libère au sein de corps enseignant mais réalisait peu à peu que c’était foutu pour le poste de directrice de maison. De plus, elle désirait celui de la maison des Serdaigle, maison qui était jadis la sienne.

Enfin, devons-nous vraiment parler de sa vie sentimentale, étant donné que celle-ci est inexistante ? Lexy avait en effet été élevée dans une famille sorcière, certes, mais on ne peut plus classique et donc, dans l’esprit des contes à propos des princesses trouvant toujours leur prince charmant. Alors Lexy, jolie blonde de 22 ans mais 6 ans d’âge mental, attendait toujours son prince qui mettait quand même vachement de temps à venir jusqu’à elle. Elle enchaînait les flirts car elle préférait qu’on parle d’elle comme d’un don juan au féminin plutôt que comme une vieille fille vivant seule et cloîtrée avec ses 12 chats.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, Lexy avait décidé de prendre l’air. Elle en avait réellement besoin car le matin, lorsqu’elle s’éveillait, il faisait noir et lorsqu’elle quittait sa bibliothèque pour rejoindre son appartement il faisait encore noir. Elle avait besoin de s’oxygéner et de vérifier si l’entièreté du château n’était pas plongé dans un genre de black out. Elle savait que si c’était le cas, on l’aurait sûrement remarqué mais elle utilisait néanmoins cette excuse pour s’éclipser de la bibliothèque une petite heure en utilisant son « au cas où » habituel. Elle avait pour habitude de se promener dans le parc mais elle se souvint à quel point faire le tour du lac pouvait être relaxant avec le doux mouvement de l’eau et les différents bruits qui accompagnaient ce milieu.

Le lac lui semblait donc une bonne idée. Chaudement, vêtue, elle se mit en route vers le lac. En chemin, elle ne croisa que quelques élèves mais ceux ci se hâtaient tous vers le château car en effet, l’air était glacé et vous fouettait le visage. Le lac lui aussi était désert et brillait de mille feux à cause du gel. Lexy commença à en faire le tour, se dirigeant vers le hangar à bateaux. Les mains enfouies dans ses poches, elle réfléchissait. Non, elle pensait. Mais pas à n’importe qui. Cet homme, qui hantait ses journées et même ses rêves, cet homme qu’elle ne pouvait envisager autrement qu’un ami, un meilleur ami. Pourtant, elle n’y arrivait pas.

Soudain, un bruit venant du hangar à bateaux la fit augmenter le pas. En entrant dans celui-ci, elle vit un jeune homme de dos, peut-être même un élève, à genoux, en train d’ôter les chaînes d’un bateau. « Vous savez, s’il y a des chaînes, c’est sûrement parce qu’on ne peut pas l’utiliser » dit elle d’un ton enjoué. Lorsque l’homme fit volte face, Lexy le reconnut immédiatement, après tout, le corps enseignant est assez restreint à Poudlard. Théo D’or Stella.

« Tu remarqueras, Lexy, que j’ai déjà détaché ces chaines… Je cherche juste à rendre les rames utilisables. »

Théo n’eut pas besoin de se retourner pour savoir qui était derrière elle. Il reconnaissait très bien les voix de ses collègues, mais celle de Lexy, encore plus. Elle était fluette, mais à la voix très douce. En fait, on dirait qu’elle chantait tout en parlant. Et avec sa phrase emprise de taquinerie, cela ne faisait qu’appuyer ce fait. Théo s’épris d’un sourire sans pour autant croiser le regard de Lexy, cette fille qu’il connaissait aussi depuis sa tendre scolarité. Mais à vrai dire, il ne savait pas quel était la nature de leur relation, puis il n’était revenu à Poudlard que depuis trop de peu de temps pour le savoir.

Il continua donc de faire parcourir sa baguette le long des rames pour les rendre moins moisies. Lexy due donc se rendre compte qu’elle s’était trompée sur les intentions du jeune cuisinier. Mais il ne lui laissa pas le temps de se reprendre et se releva soudainement pour lui faire face. Il savait exactement quoi dire pour lui faire plaisir. A vrai dire, et selon les bruits de couloir, Lexy lui ressemblait beaucoup. En femme évidemment. Certains professeurs – très certainement jaloux – n’hésitait pas à cracher sur ses frasques sexuelles avec les garçons. Et pour cela, Théo ne pouvait rien lui reprocher. Rien n’était mieux que le contact charnel entre deux personnes, et ceci sans se poser de question.

Mais Théo s’écartait de sa pensée initiale. Si Lexy avait ce point commun, elle devait en avoir d’autres avec le directeur des Lions. Elle avait surement besoin de se calmer, ou du moins calmer ses ardeurs, même si leur caractère n’osait pas réellement l’avouer. C’est pourquoi une ballade sur le lac devrait lui faire tout autant plaisir qu’à lui. C’est donc sans hésiter qui lui tendit la main, un pied dans la barque, un pied sur le quai, pour l’aider à se hisser dans l’embarcation si elle le désirait.

« Une petite balade sur le lac, ça te dit ? On pourrait ainsi mieux faire connaissance, belle blonde. »

Théo était vraiment intrigué par Lexy. Il aimait beaucoup l’humain, mais il s’avouait secrètement que certaines personnes lui donnaient plus d’intérêt que d’autres. Et il avait choisit ses mots avec précision avec Lexy. Un semblant de drague, alors qu’il était gay, comment allait réagir Lexy ? Bien certainement ! Dans tous les cas, il avait envie de lui poser un tas de questions, et surtout sur les garçons, comme par hasard… Mais ne mettons pas la charrue avec les bœufs, et Théo restait souriant…